Archives mensuelles : avril 2016

Jonas Savimbi : son image diffamante pour sa famille ?

Jonas Savimbi mérite-t-il son image?

Jonas Savimbi dans Call of Duty, Black ops 2

Call of Duty, Jonas Savimbi en guerre

Dans un jeu vidéo, « Call of Duty : Black Ops 2 », Jonas Savimbi, ancien chef de guérilla angolais, est montré sous les traits d’un rude guerrier. Par exemple, à propos d’ennemis, il dit : « Il faut les achever ». Sa famille, dont trois de ses enfants vivant en France, a porté plainte pour diffamation.

Témoignage d’Alain Chevalérias sur le comportement de Jonas Savimbi durant la guerre d’indépendance en Angola

Des prisonniers exécutés à coups de barres de fer …

En 1975, j’étais en reportage en Angola pour le compte de l’agence Gamma. On était alors à la veille de l’indépendance du pays jusque-là colonie portugaise. Pour le contrôle du pays, Savimbi et son mouvement, l’UNITA ( União Nacional para a Independência Total de Angola ou Union Nationale pour l’indépendance totale de l’Angola), combattaient le MPLA (Movimento Popular de Libertação de Angola ou  Mouvement Populaire de Libération de l’Angola) , soutenu par l’URSS et Cuba.

D’abord invité par l’UNITA, au cours de mon enquête, j’ai été arrêté par ce mouvement et incarcéré pendant trois mois à la prison de Silva Porto avec un autre Français. Là, j’ai pu goûter la douceur des mœurs des hommes de Savimbi. Les prisonniers, mon codétenu
et moi-même inclus, étaient frappés à coup de chicottes et de crosses de fusil.
Nous couchions sur le sol, la nourriture manquait et les soins médicaux étaient inexistants.

Si nous devons notre libération au hasard et à la chance, Savimbi, étant défait militairement, a fait exécuter les autres prisonniers à coups de barres de fer avant de les faire asperger d’essence pour brûler leurs corps, morts ou vifs.

Jonas Savimbi est tombé courageusement au combat en 2002, dans un ultime affrontement avec les autorités angolaises.

Mais, n’en déplaise à sa famille, ce n’était pas vraiment un grand humaniste.

Alain Chevalérias

Anna l’espionne retournée dans le froid « Au service de Poutine »

Les temps changent en Russie ! On n’envoie plus des espions qui ont fait échouer leur mission en Sibérie. Anna Kuschchenko pourra vous le dire.
Anna Kuschchenko en couverture de magazine

« L’agent 90-60-90 » comme on l’appelle en Russie reprenant les chiffres de ses mensurations. Sacré Poutine !

Aujourd’hui on la voit partout sur les couvertures des magazines russes en porte-jarretelles et soutien-gorge, le flingue à la main, parodiant les James Bond Girls. Elle est devenue la coqueluche de la presse en égérie du FSB, l’héritier du KGB. Poutine a le sens de la communication.

Tout a commencé pour Anna sous l’Union Soviétique. Son père, officier du KGB, l’impressionnait beaucoup avec ses gardes du corps et ses voitures à vitres fumées. Pendant ses études, suivant les traces de son paternel, elle a reçu une formation à la centrale du renseignement soviétique.

Puis, à 19 ans, elle est partie à Londres pour améliorer sa pratique de l’anglais. Appliquant avec brio les méthodes des agents de l’Est, elle a harponné un étudiant britannique, Alex Chapman, pour convoler avec lui. Dans la meilleure des traditions, elle divorçait six mois plus tard… mais gardait la nationalité britannique et le nom, Anna Chapman.

Grâce à cette couverture et à sa jolie frimousse, la rouquine incendiaire commença sa carrière d’espionne Outre-Manche. Puis, à la fin de l’année 2009, à l’âge de 27 ans, elle était envoyée à New York pour rejoindre une équipe d’espions russes chargés d’approcher les hautes sphères des États-Unis afin de soutirer des renseignements.

Pour appâter les poissons, Anna fut nommée à la tête d’une agence immobilière haut de gamme. Là, elle fit d’abord des miracles. Un ancien officier des Marines spécialisé dans les communications cryptées est tombé dans ses bras. Puis c’était le tour d’un riche homme d’affaires au courant des investissements stratégiques du pays.

Du boulot de pro ! Une fois par semaine, elle se rendait dans un café Starbuck de Manhattan ou dans une librairie de Greenwich Village. Là, elle se mettait en liaison par Wifi avec un autre officier du FSB et lui envoyait son rapport sous forme sécurisée.

Les officiers du contre-espionnage américain ne sont pas complètement idiots. Ils finirent par deviner anguille sous roche. Prenant Anna en filature, ils remarquèrent ses visites hebdomadaires à la délégation russe des Nations Unies. Comprenant son jeu, ils montèrent un piège pour la démasquer.

Tout alors bascule ! La tactique employée est tellement grossière qu’Anna se laisse prendre. Dans un centre commercial, un homme lui tend un faux passeport américain et lui dit : « Remettez-le à vos contacts ! » Elle est filmée mais bien sûr ne le sait pas. Elle aurait dû refuser le document et prendre ses distances du provocateur. Naïvement, dirons-nous, elle empoche le passeport.

Tout le réseau tombe, mais quelque temps plus tard, les espions russes sont échangés contre des américains pris sur le sol russe. Vladimir Poutine en personne les reçoit chez lui. Il accroche si bien avec Anna qu’il l’emmène faire une petite excursion dans son sous-marin privé.

La carrière de la jeune femme est lancée. Elle pose en décolleté pour l’Agence spatiale russe. Ses tenues s’allègent de plus en plus sur les couvertures des magazines. Puis elle donne naissance à un bébé. Mais on ignore le nom du père. L’aventure n’est pas finie !