Archives mensuelles : novembre 2017

Le référendum en Nouvelle-Calédonie s’ouvre sur un dilemme

La Nouvelle-Calédonie figée entre deux époques

Le 30 octobre, Emmanuel Macron recevait les élus de Nouvelle-Calédonie. Deux jours plus tard, Édouard Philippe se livrait au même exercice à Matignon. L’un et l’autre se rendront à Nouméa dans le mois qui viennent. La crise catalane fait des vagues et s’il y a une chose crainte au plus haut point à Paris, c’est une explosion de violence, suivie d’une obligation de reprise en main musclée du territoire néo-calédonien. Une situation qui s’avérerait difficile à gérer quand, partant d’une grille de lecture obsolète, l’Union européenne, comme les Nations Unies, voient dans ce territoire un pays à « décoloniser ».

Posons les prémisses de cet imbroglio. Habitée par des Kanaks, la Nouvelle-Calédonie a été déclarée colonie française le 24 septembre 1853. Fait notable, avec l’Algérie, elle fut le seul territoire de peuplement de l’Empire Français. Les installations de colons se firent par vagues successives. Elles se soldèrent par le refoulement des indigènes dans le nord de l’île.

Erreur notable, l’école, comme sur nos autres terres d’Asie et d’Afrique, n’y était pas obligatoire. Il en résulta un développement séparé, la paupérisation des Kanaks et leur accès au suffrage universel seulement en 1957. Pour être honnête, il n’avait été accordé aux femmes qu’en 1944 sur le territoire métropolitain. Nous parlons aussi d’autres temps et d’autres mœurs.

Sur ce petit territoire, la France a néanmoins des intérêts. Un positionnement stratégique et des mines de nickel, dont la Nouvelle-Calédonie est le 6ème producteur mondial. Les Kanaks cependant ne sont plus que 40% de la population, la majorité étant constituée d’Européens, surnommés Caldoches, auxquels s’ajoutent des migrants de tous horizons y compris des Vietnamiens.

Aspirations indépendantistes en Nouvelle-Calédonie

Cependant, jusqu’ici quasi inexistantes, les pulsions indépendantistes naissent chez les Kanaks avec l’onde de choc de mai 1968. En 1981, l’élection de François Mitterrand et son discours tiers-mondiste font le reste. Déçus du peu d’empressement du gouvernement socialiste à satisfaire leurs attentes, les Kanaks, en novembre 1984, lancent alors un mouvement contestataire. La violence monte. À la fin du mois, on compte les trois premiers morts au cours d’une fusillade. Un jeune Caldoche de 17 ans,  Yves Tual, sera tué par les indépendantistes en janvier. Les affrontements et les décès se multiplient. Les pays se retrouve en état d’insurrection.

Le référendum de 1987, le NON écrasant

Un référendum prend place le 13 septembre 1987. Il donne 98,3% des suffrages contre l’indépendance avec une participation de 59,1% des inscrits. Parmi les Kanaks, les indépendantistes n’ont pas voté.

Nouvelle-Calédonie. Accords de Matignon.

Jacques Lafleur et Jean-Marie Tjibaou, les deux leaders de la Nouvelle-Calédonie. Juin 1988.

 

En avril 1988, la violence est à nouveau à son apogée avec la prise de gendarmes en otages à Ouvéa. Il faut l’intervention de l’armée. Puis ce sera les accords de Matignon, au mois de juin, qui reportent l’échéance de dix ans, la mort aussi, un an plus tard, du leader indépendantiste, Jean-Marie Tjibaou, assassiné par un de ses militants en opposition avec ces accords.

Le prochain référendum prévu pour 2018

Mais en 1998, conscients qu’une nouvelle consultation mettrait le feu aux poudres, les décideurs repoussent le référendum entre 2014 et 2018. L’année prochaine !  Une manière aussi de se débarrasser du problème sur la génération à venir.

Le fond du problème, qui aura  le droit de vote ?

Toute la problématique se résume finalement à un point : qui aura le droit de voter au référendum ? Que tous les résidents de nationalité française soient convoqués aux urnes et les indépendantistes perdront. La Nouvelle-Calédonie restant française, les violences reprendront. Mais que l’on restreigne le vote aux seuls Kanaks, comme ils l’exigent, et c’est un viol de notre droit. Un déni de justice pour la majorité des Français d’origines diverses dont les ancêtres sont installés en Nouvelle-Calédonie, pour certains d’entre eux depuis plus d’un siècle.

Macron et ses gentils marcheurs au pouvoir ont une équation compliquée à résoudre : comment préserver les intérêts de la France, tout en satisfaisant les Kanaks, mais en assurant l’avenir, les droits, la sécurité des biens et des personnes qui ont fait la richesse de l’île. En d’autres termes, comment éviter un nouveau bain de sang, comme en Algérie, et une nouvelle injustice, identique à celle infligée aux Pieds-noirs en 1962 ?                         

Les Kurdes d’Irak veulent le pouvoir sur les chrétiens, le cas d’ Alqosh

Un maire chrétien viré par Barzani

Le 16 juillet dernier, le maire d’Alqosh, Faez Abed Jawahreh, un chrétien élu en 2014, a été limogé par Massoud Barzani. Ce dernier l’a remplacé par un Kurde qui lui est tout dévoué : Adel Amin Omar.

Massoud Barzani exerce les fonctions de président de la région autonome du Kurdistan irakien. Aux yeux des Kurdes, en grande majorité des musulmans sunnites, il apparaît comme le héros de l’indépendance annoncée.

Alqosh, trahie par Barzani est livrée à Daech

Alqosh ou Kar Aqosh, ville chrétienne du Kurdistan irakien

Tombes assyriennes. Alqosh


Alqosh
, en revanche, est une ville chrétienne, à l’image de nombreuses agglomérations du nord de la plaine de Ninive. Or, en août 2014, quand les hommes de Daech s’emparaient de la région, Barzani a donné l’ordre à ses troupes de se replier, abandonnant ainsi le territoire et ses habitants aux jihadistes.

Aprés l’éviction de Daech…

Certes, depuis, les Kurdes ont participé à la reprise d’Alqosh et de quelques villes chrétiennes en chassant les combattants de Daech avec l’armée irakienne soutenue par les Occidentaux. Mais les habitants se sentent trahis après bientôt trois ans de tyrannie et de crimes des islamistes radicaux.

Barzani veut le contrôle total

Très irrités par l’éviction de leur maire, que Barzani accusait de corruption sans donner de preuves, le 20 juillet les citoyens d’Alqosh sont descendus dans la rue. Ils portaient des drapeaux irakiens et des pancartes en trois langues : l’arabe, l’anglais et l’araméen qui reste leur langue. Ils n’arboraient ni drapeaux ni slogans en kurde.

Barzani s’est affolé d’une démonstration qui remet en question sa volonté d’annexer les populations chrétiennes du nord de l’Irak dans son projet indépendantiste kurde. Il a alors nommé, en remplacement d’Adel Amin Omar, « son » maire, une jeune femme du nom de Lara Yousif. C’est une chaldéenne, une chrétienne donc, qui appartient au PDK (Parti démocratique du Kurdistan) dirigé par la famille Barzani.

Or, le 25 septembre dernier, un référendum avait lieu au cours duquel les résidents de la région s’exprimaient sur le statut du futur Kurdistan. Victimes des trahisons et des poussées d’autoritarisme de Barzani, les chrétiens ne risquaient pas de voter oui à l’indépendance du Kurdistan.

Les chrétiens d’Irak n’ont pas non plus oublié le passé. À l’occasion de la Première Guerre mondiale, quand les Turcs massacraient les Arméniens, les Kurdes prêtaient la main aux assassins. En Irak, les mêmes Kurdes en ont profité pour éliminer nombre de chrétiens appelés chaldéens et assyriens * vivant dans le.s mêmes montagne qu’eux.

* Les chrétiens d’Irak appartiennent à de nombreuses branches. Néanmoins, les deux confessions principales sont les chaldéens et les assyriens. Elles sont toutes deux issues du nestorianisme, branche du christianisme née au Ve siècle de l’hérésie de Nestorius. Les assyriens sont restés fidèles à leur idéologie et y ont ajouté des sentiments nationalistes en  s’estimant les héritiers de l’ancien empire assyrien (2ème  millénaire av. JC). Les chaldéens ont rejoint l’Eglise de Rome tout en gardant leur propre rite liturgique.

Sleeping Giants: Après les USA, offensive contre la presse rebelle en France

Sleeping Giants s’attaque aux fake news… avec hypocrisie

Donald Trump et Hillary Clinton

Les médias proches de Trump, cible des Sleeping Giants

L’opération est partie des États-Unis à la suite de l’élection de Donald Trump en 2016. Des individus de gauche ont estimé la victoire de leur adversaire le résultat de la propagation de fausses nouvelles, des « fake news », sur Internet. Ils ont alors décidé, pour paralyser ces sites, de s’en prendre à leurs subsides, les publicités dont ils vivent. Ces gens, qui travaillent dans l’anonymat, se sont donné le nom de « Sleeping Giants », les « Géants endormis » en français.

Breitbart News, média Internet visé…

Le premier de leur objectif a été Breitbart News, le media créé par Steve Bannon, un moment conseiller de Trump à la Maison Blanche et l’un de ses soutiens les plus actifs pendant la campagne.

Mais comment toucher un media Internet ?

Il faut savoir ces structures dépendant d’un système de publicité dite programmée. Pour faire simple, des robots publient sur les sites les plus fréquentés les publicités de leurs clients. Parmi ces derniers figurent tous les poids lourds de l’industrie de consommation comme Coca-cola ou McDonald’s.  En échange, les sites porteurs de ces annonces publicitaires reçoivent un léger dédommagement à chaque visite d’un internaute. Pour ceux jouissant d’un nombre de consultations important, comme Breibart News, c’est le jackpot.

En attaquant ses revenus publicitaires.. des entreprises retirent leurs pubs

Les Sleeping Giants ont donc approché un par un les patrons des entreprises qui financent, parfois sans le savoir, Breitbart News. Ajoutant quelques mots susurrés, sur l’effet pernicieux qu’aurait la divulgation de leur soutien au site de Bannon auprès du grand public, les démarcheurs des Sleeping Giants ont vite obtenu de ces prudents patrons le retrait de leurs pubs de  Breitbart News. Il y a un mois, nos Géants, pas si endormis que ça, annonçaient que 2500 entreprises avaient retiré leurs annonces.

Mais quels arguments présentent les Sleeping Giants ? Ils disent ouvertement s’attaquer aux sites qui promeuvent « la bigoterie, le sexisme et le racisme ». Mais où cela commence-t-il ? « Les réseaux tels que Breitbart, affirment-ils, constituent une véritable menace pour les sociétés ouvertes et le discours démocratique ».

On comprend, un peu comme les Bolchéviques, les goulags en moins, ils ont le monopole de la vérité et sont à eux seuls la démocratie. 

Nous ne défendons pas Breitbart, mais la liberté d’informer. Si d’aventure des propos mensongers ou enfreignant la loi sont publiés sur son site, il serait plus « démocratique » de l’attaquer en justice.

Liberté de la presse contre les fake news ?

Bien sûr, il y a les fameuses « fake news ». Nous en voyons fleurir dans des médias classés à l’extrême droite, accompagnés parfois d’idées que nous ne partageons pas. Mais il en surgit aussi sous la plume de structures gauchistes, sionistes ou communistes sans que personne, pas même nous, ne demande pour autant leur fermeture. La démocratie, faut-il le rappeler, laisse à chacun le droit d’avoir « sa » vérité, dans les limites de la décence et de la bonne foi. Du moins en théorie…

Un mouvement qui s’étend

Nous nous inquiétons car le mouvement des Sleeping Giants s’étend. Les « conservateurs », de leur propre aveu, sont devenu leur cible avec « The rebel Media » au Canada. En France, ils ont lancé une campagne contre « Boulevard Voltaire », le site de Robert Ménard.

Reste une question d’importance : qui sont les Sleeping Giants ? Agissant sous le couvert de l’anonymat, ils sont protégés par le secret. Une fois encore, on perçoit la dangerosité, pour la démocratie, des individus organisés en sociétés secrètes.