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LES QUESTIONS SUR L’ATTAQUE D’IN AMENAS

Alain Chevalérias édite « L’Echelle des Valeurs et la lettre de Pierre de Villemarest » Pour avoir connaissance de cette publication envoyez un chèque de 6 € à:  

Alain Chevalérias, 39 rue du Faubourg, 10130 MAROLLES SOUS LIGNIERES

 

Ce que tout le monde sait:

Le 16 janvier 2013 au matin, à In Amenas, un commando de l’AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique) s’emparait de plusieurs dizaines d’otages dont une quarantaine d’occidentaux.

In Amenas se trouve dans le Sahara algérien, à quelques kilomètres de la frontière libyenne. S’y tient la base de vie d’employés travaillant à l’extraction du gaz nature, dont beaucoup d’étrangers. Les lieux sont rapidement encerclés par l’armée algérienne.

Trois jours plus tard, le 19 en milieu de matinée, les forces de sécurité donnent l’assaut. 38 otages, dont 37 Occidentaux sont tués. Les autorités algériennes n’ont tenté aucune négociation. Agissant comme elles l’ont fait, elles condamnaient les captifs du commando d’AQMI.

Les questions que ces événements posent:

1/ Jamais depuis le début des attaques terroristes, dans les années 90, les installations gazières ou pétrolières algériennes n’ont été attaquées. Les uns expliquaient cette bizarrerie affirmant ces installations trop bien défendues pour servir de cibles. Les autres y voyaient la preuve d’une connivence entre la DRS, les tous puissants services secrets algériens, et les terroristes. QUESTION: Pourquoi les terroristes ont-ils attaqué des installations stratégiques qu’ils évitaient depuis plus de vingt ans?

2/ In Amenas se trouve dans la wilaya (département) d’Illizi. Or nous connaissons cette région pour deux raisons. D’une part, en septembre 2003 nous avions appris qu’une base américaine y était secrètement en construction (notre article: http://www.recherches-sur-le-terrorisme.com/Documentsterrorisme/base-usa.html). D’autre part, au début de la même année, 14 otages y étaient enlevés par un certain Abderrezak El Para (notre article: http://www.recherches-sur-le-terrorisme.com/Documentsterrorisme/sahara.html). QUESTION: Pourquoi la région d’Illizi a-t-elle été choisie par l’AQMI pour mener cette nouvelle opération?

3/ Les forces algériennes ont mené un assaut qui ne laissait, comme nous l’avons dit plus haut, que très peu de chance aux otages. Le prétexte donné, la détermination des preneurs d’otages, n’est pas convainquant. En effet, l’affaire se déroulait en plein désert, facilitant la surveillance des abords et l’isolement du site par l’armée algérienne déployée. Jouant avec le temps et les manipulations psychologiques, méthodes connues des services de sécurité du monde entier, les Algériens ne se donnaient-ils pas des chances de sauver la vie des otages, au moins du plus grand nombre d’entre eux? Certes, comme le font remarquer des observateurs locaux, l’armée algérienne a été formée « à la soviétique » pour gérer ce genre de crise. Une école peu économe en vies humaines. On a néanmoins le terrible sentiment que les décideurs algériens  souhaitaient le moins de survivants possibles. QUESTION: Les auteurs des prises d’otages risquaient-ils de faire des révélations gênantes pour les autorités algériennes si, pris vivants, ils étaient traduits en Justice?

4/ L’AQMI est formée de deux entités. La première avec le chef de l’organisation, Abdelmalek Droukdal, est basée en Kabylie. La seconde, formée de plusieurs katibas (compagnies), opère dans l’ensemble désertique ou semi-désertique de l’Algérie, de la Mauritanie, du Mali et du Niger. Au printemps 2007, l’armée algérienne a lancé une opération importante pour traquer l’AQMI en Kabylie. Depuis, les interventions n’ont été que clairsemées. D’autre part, en avril 2010, l’Algérie créait le CEMOC (Comité d’état-major opérationnel conjoint) supposé coordonner la lutte antiterroriste avec les pays de la région sahélienne (notre article:http://www.recherches-sur-le-terrorisme.com/Documentsterrorisme/lutte-anti-terrorisme-sahel-cemoc-algerie.html). Or, depuis cette date, et en dépit des moyens énormes dont elle dispose, l’armée algérienne n’a rien fait pour aider les pays concernés à lutter contre le terrorisme. QUESTION: La détermination des responsables algériens contre le terrorisme est-elle aussi totale qu’elles le proclament?

5/ Comme nous l’avons noté dans plusieurs de leurs interventions, les autorités algériennes sont très hostiles à la présence française dans les pays du Sahel se trouvant sur sa frontière sud, le Mali, le Niger, mais aussi la Mauritanie. Cette hostilité atteint un point tel que l’on constate une convergence de vues entre Alger et l’AQMI quand il s’agit de dénigrer la France. QUESTION: L’AQMI, puis le MUJAO ont-ils été peu ou prou  utilisés par la DRS pour atteindre les intérêts français, principales cibles des terroristes dans la région sahélienne?

Tant que les pays occidentaux, la France en premier lieu, n’ont pas de réponses à ces questions, il apparaît difficile de mettre sur pied un plan d’annihilation de la menace terroriste dans la région sahélienne.