Ziyed Ben Belgacem, auteur de l’attaque à l’aéroport d’Orly

Notre opinion sur  Ziyed Ben Belgacem, l’auteur de l’attaque du 18 mars à l’aéroport d’Orly

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Ziyed Ben Belgacem, 40 ans, auteur de l’attaque à l’aéroport d’Orly

Ziyed Ben Belgacem est très certainement un délinquant entré dans une ultime spirale de violence. La revendication islamiste proférée avant sa mort ressemble à une recherche d’absolution divine pour ses fautes. Son état d’esprit au moment de l’attaque ne peut être compris que sous le prisme d’une radicalisation islamiste, fût-elle de circonstances.

Ce diagnostic n’est pas rassurant car il suppose que d’autres délinquants puissent emprunter la même voie de radicalisation.

La relation avec les radicaux islamistes en prison

François Molins, le procureur de la République de Paris, a dit au cours d’une conférence de presse Ziyed Ben Belgacem « repéré comme radicalisé à l’occasion d’un passage en détention au cours des années 2011-2012 ».

Délinquant connu pour des vols avec effraction, il était donc tombé sous l’influence des radicaux islamistes qui gouvernent les populations carcérales au corps défendant des autorités pénitentiaires.

L’acte déclencheur de la panique

Retrouvant la liberté, Ziyed Ben Belgacem était néanmoins retourné à son ancien mode de vie. Aussi, une perquisition administrative à son domicile en novembre 2015 n’avait-elle pas permis de détecter de signes inquiétants.

Il semble qu’un contrôle routier à Garges-lès-Gonesse ait déclenché le processus mortel. Sans doute pour s’échapper et éviter d’être identifié en raison du contrôle judiciaire dont il était l’objet, Ziyed Ben Belgacem a tiré sur les policiers avec son arme : un pistolet à grenailles. Il savait son acte grave, mais il en a surestimé l’importance croyant sans doute avoir tué un représentant des forces de l’ordre.

Nous étayons notre raisonnement sur l’appel envoyé à son père après ce premier incident. Celui-ci rapporte  Ziyed Ben Belgacem lui ayant dit : « Je te demande pardon, j’ai fait une connerie avec un gendarme (…) Au revoir papa, je te demande pardon ». Le père affirme à propos de son fils : « Jamais il ne fait la prière : il boit ». On en conviendra, c’est un étrange islamiste. Si nous n’avions pas rencontré d’autres cas identiques, nous douterions de la parole du malheureux père.

Entre parenthèses, il faut remarquer la bonne réaction de ce dernier : il est ferme à l’égard de son fils et ne le soutient pas. Au contraire, il court au commissariat pour informer l’autorité qu’un drame se déroule.

Mais ces quelques mots, repris dans l’échange très court entre le père et le fils, apparaissent très importants pour plusieurs raisons. Ils  révèlent Ziyed Ben Belgacem affectivement dans la norme, d’une part, et conscient des repères entre « le bien et le mal », d’autre part. Même s’il parle sur un mode agité sous l’emprise du stress. Il accomplira donc son action à Orly, peut-on présumer, en toute conscience.

Mais, alors, comment a-t-il basculé vers un achèvement aussi dramatique ?

Les fausses valeurs islamistes pour repère

Le sentiment d’avoir commis l’irréparable et de risquer une lourde peine de prison ont certainement joué un rôle. Cependant, on sait aussi qu’il s’est rendu dans un bar de Vitry-sur-Seine où il avait ses habitudes. A l’opposé donc de Garges-lès-Gonesse par rapport à Paris. Nous ne savons pas en outre s’il a échangé une ou des conversations téléphoniques avec ses anciens amis islamistes.

En revanche, avec assurance, nous pouvons dire qu’entre Garges-lès-Gonesse et Orly, de sa propre initiative ou à l’invitation d’une ou de plusieurs autres personnes, Ziyed Ben Belgacem a retrouvé les repères de la logique islamiste radicale.

Reconstruisons le processus. L’homme est paniqué. Il craint la prison, pire la mort sans doute au cours d’une poursuite. Il est alors psychologiquement fragile. De lui-même où sous l’impulsion « d’amis », il s’interroge sur son devenir après le trépas. Ses valeurs religieuses remontent à la surface. Il voit sa vie un long parcours de fautes, une accumulation de « péchés », comme il dit dans son discours religieux. Il a besoin de pardon divin.

La quête du pardon divin

Il entre alors dans la logique islamiste radicale : le pardon il le lui faut par le sang, celui des victimes et le sien propre. Purifié, il annulera ainsi toute une vie de débauches.

Pourquoi le choix d’Orly ? Il sait les soldats patrouillant en permanence dans l’aéroport. Il agit dans l’urgence. Sans préparation. Repérant une femme soldat, il la pense moins forte, moins déterminée aussi. Il se jette sur elle, braque son pistolet sur sa tempe et prend le Famas qu’elle porte. En même temps, il hurle : « Posez vos armes, mains sur la tête, je suis là pour mourir par Allah. De toute façon, il va y avoir des morts ».

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Ziyed Ben Belgacem, fin de cavale

 

Il a signé son action. De fait, il va mourir. Mais grâce au sang froid de nos militaires, personne ne l’accompagnera dans son tragique voyage.

Ce qu’il faut conclure

Plus dangereux que les groupes radicalisés, pour leur part plus facilement détectables, il existe aussi des gens qui peuvent « se déclencher » à la suite d’un incident. Un peu comme si un logiciel pirate endormi en eux, le logiciel islamiste radical, se mettait en action. La prison peut apparaître comme le lieu idéal de pose d’un tel logiciel, mais aussi une mosquée où n’importe quel lieu fréquenté par des islamistes radicaux.

En revanche, la réaction du père de Ziyed Ben Belgacem nous réconforte. Elle prouve qu’il n’y a pas continuité entre l’islam du plus grand nombre de musulmans et l’islamisme radical. Pour des raisons de sécurité, bien sûr, mais aussi d’humanité. On ne le répétera jamais assez, les musulmans ordinaires sont nos meilleurs signaux d’alarme face aux dangers de l’islamisme radical.

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