Les Kurdes d’Irak veulent le pouvoir sur les chrétiens, le cas d’ Alqosh

Un maire chrétien viré par Barzani

Le 16 juillet dernier, le maire d’Alqosh, Faez Abed Jawahreh, un chrétien élu en 2014, a été limogé par Massoud Barzani. Ce dernier l’a remplacé par un Kurde qui lui est tout dévoué : Adel Amin Omar.

Massoud Barzani exerce les fonctions de président de la région autonome du Kurdistan irakien. Aux yeux des Kurdes, en grande majorité des musulmans sunnites, il apparaît comme le héros de l’indépendance annoncée.

Alqosh, trahie par Barzani est livrée à Daech

Alqosh ou Kar Aqosh, ville chrétienne du Kurdistan irakien

Tombes assyriennes. Alqosh


Alqosh
, en revanche, est une ville chrétienne, à l’image de nombreuses agglomérations du nord de la plaine de Ninive. Or, en août 2014, quand les hommes de Daech s’emparaient de la région, Barzani a donné l’ordre à ses troupes de se replier, abandonnant ainsi le territoire et ses habitants aux jihadistes.

Aprés l’éviction de Daech…

Certes, depuis, les Kurdes ont participé à la reprise d’Alqosh et de quelques villes chrétiennes en chassant les combattants de Daech avec l’armée irakienne soutenue par les Occidentaux. Mais les habitants se sentent trahis après bientôt trois ans de tyrannie et de crimes des islamistes radicaux.

Barzani veut le contrôle total

Très irrités par l’éviction de leur maire, que Barzani accusait de corruption sans donner de preuves, le 20 juillet les citoyens d’Alqosh sont descendus dans la rue. Ils portaient des drapeaux irakiens et des pancartes en trois langues : l’arabe, l’anglais et l’araméen qui reste leur langue. Ils n’arboraient ni drapeaux ni slogans en kurde.

Barzani s’est affolé d’une démonstration qui remet en question sa volonté d’annexer les populations chrétiennes du nord de l’Irak dans son projet indépendantiste kurde. Il a alors nommé, en remplacement d’Adel Amin Omar, « son » maire, une jeune femme du nom de Lara Yousif. C’est une chaldéenne, une chrétienne donc, qui appartient au PDK (Parti démocratique du Kurdistan) dirigé par la famille Barzani.

Or, le 25 septembre dernier, un référendum avait lieu au cours duquel les résidents de la région s’exprimaient sur le statut du futur Kurdistan. Victimes des trahisons et des poussées d’autoritarisme de Barzani, les chrétiens ne risquaient pas de voter oui à l’indépendance du Kurdistan.

Les chrétiens d’Irak n’ont pas non plus oublié le passé. À l’occasion de la Première Guerre mondiale, quand les Turcs massacraient les Arméniens, les Kurdes prêtaient la main aux assassins. En Irak, les mêmes Kurdes en ont profité pour éliminer nombre de chrétiens appelés chaldéens et assyriens * vivant dans le.s mêmes montagne qu’eux.

* Les chrétiens d’Irak appartiennent à de nombreuses branches. Néanmoins, les deux confessions principales sont les chaldéens et les assyriens. Elles sont toutes deux issues du nestorianisme, branche du christianisme née au Ve siècle de l’hérésie de Nestorius. Les assyriens sont restés fidèles à leur idéologie et y ont ajouté des sentiments nationalistes en  s’estimant les héritiers de l’ancien empire assyrien (2ème  millénaire av. JC). Les chaldéens ont rejoint l’Eglise de Rome tout en gardant leur propre rite liturgique.

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