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Jonas Savimbi : son image diffamante pour sa famille ?

Jonas Savimbi mérite-t-il son image?

Jonas Savimbi dans Call of Duty, Black ops 2

Call of Duty, Jonas Savimbi en guerre

Dans un jeu vidéo, « Call of Duty : Black Ops 2 », Jonas Savimbi, ancien chef de guérilla angolais, est montré sous les traits d’un rude guerrier. Par exemple, à propos d’ennemis, il dit : « Il faut les achever ». Sa famille, dont trois de ses enfants vivant en France, a porté plainte pour diffamation.

Témoignage d’Alain Chevalérias sur le comportement de Jonas Savimbi durant la guerre d’indépendance en Angola

Des prisonniers exécutés à coups de barres de fer …

En 1975, j’étais en reportage en Angola pour le compte de l’agence Gamma. On était alors à la veille de l’indépendance du pays jusque-là colonie portugaise. Pour le contrôle du pays, Savimbi et son mouvement, l’UNITA ( União Nacional para a Independência Total de Angola ou Union Nationale pour l’indépendance totale de l’Angola), combattaient le MPLA (Movimento Popular de Libertação de Angola ou  Mouvement Populaire de Libération de l’Angola) , soutenu par l’URSS et Cuba.

D’abord invité par l’UNITA, au cours de mon enquête, j’ai été arrêté par ce mouvement et incarcéré pendant trois mois à la prison de Silva Porto avec un autre Français. Là, j’ai pu goûter la douceur des mœurs des hommes de Savimbi. Les prisonniers, mon codétenu
et moi-même inclus, étaient frappés à coup de chicottes et de crosses de fusil.
Nous couchions sur le sol, la nourriture manquait et les soins médicaux étaient inexistants.

Si nous devons notre libération au hasard et à la chance, Savimbi, étant défait militairement, a fait exécuter les autres prisonniers à coups de barres de fer avant de les faire asperger d’essence pour brûler leurs corps, morts ou vifs.

Jonas Savimbi est tombé courageusement au combat en 2002, dans un ultime affrontement avec les autorités angolaises.

Mais, n’en déplaise à sa famille, ce n’était pas vraiment un grand humaniste.

Alain Chevalérias

Notre sort se joue aussi en Syrie

Nous l’avons déjà dit, la guerre en Syrie ne se limite plus, depuis longtemps, à deux belligérants. Elle est tripolaire et, de plus, compliquée par l’intervention de nombreux intervenants extérieurs : l’Iran, la Turquie, le Qatar, et autres pays arabes, la Russie et les États occidentaux. Sur trois camps, deux sont infréquentables :

Celui de Daech (le dit État islamique) et celui du régime de Damas, dirigé par la famille Assad. Ces deux camps ont tellement commis d’atrocités, que les laisser s’emparer du pouvoir ou le conserver en Syrie revient à livrer le peuple de ce pays à des bouchers.

Reste le troisième camp, que l’on identifie à l’ASL (Armée syrienne libre), formée de déserteurs de l’armée régulière et de volontaires, souvent des jeunes gens dont les amis et les proches sont morts sous les balles du clan des Assad pendant les manifestations pacifiques de 2011.

Dieu sait que nos médias et la télévision du Qatar, Al Jazeera, avaient alors célébré le courage et la légitimité de ces jeunes Syriens en quête de « démocratie » [même si nous leur en offrons chez nous un modèle essoufflé]. Quelques aides ont été accordées pour les soutenir dans ce qui est devenu une guerre civile. Elles ont été trop souvent détournées par des chefs politiques peu scrupuleux, plus soucieux de s’enrichir que de fournir le nécessaire aux combattants *.

Résultat, sur le terrain, les unités de l’ASL manquent de munitions et même de nourriture. Quelques-unes survivent évitant le contact avec l’ennemi faute de pouvoir combattre. D’autres ont cédé à la tentation et sont passées avec armes et bagages aux côtés de Daech qui leur donne tout ce dont ils ont besoin grâce à l’argent du pétrole volé dans les zones de production. L’Occident et les pays arabes sont largement responsables de la dégradation de la situation. Conséquence perceptible : on tend à croire chez nous qu’il n’y a plus que deux camps. Vision de la réalité qui sert Bachar Al-Assad et ses sbires, les faisant passer aux yeux de certains pour des partenaires acceptables.

SI NOUS LAISSONS FAIRE…

Si nous laissons faire, nous assisterons à une bipolarisation totale du conflit syrien. L’ASL et ses relais politiques disparaîtront, absorbés par Daech ou par le pouvoir. La Syrie sera réduite à deux entités, l’une gouvernant à l’ouest, avec à sa tête Damas, l’autre à l’est, dominée par les radicaux islamistes.

Les Syriens auront perdu toute chance de retrouver une vie normale. Des deux côtés, il leur faudra accepter la dictature. En revanche, Daech et Damas sauront trouver un accord, fut-il temporaire, pour se partager le pays. Les prédateurs ont toujours su se ménager entre eux pour survivre.

Dans un tel cadre, pas d’espoir pour les réfugiés de rentrer au pays. Ils demeureront donc un poids pour les pays voisins : la Turquie, la Jordanie et principalement le Liban. L’expérience vécue avec les Palestiniens devrait pourtant nous servir de leçon : la colère engendre la violence et le faible, pour répondre, recourt le plus souvent au terrorisme.

À cela s’ajoute un autre problème, la tension montante entre sunnites et chiites, entre les Arabes et l’Iran. Nous avons droit à une avant-première au Yémen, quand nous voyons les Arabes former une alliance et lancer une offensive contre les chiites Houthis qui ont pris le pouvoir à Sanaa, par la force, à la majorité sunnite. Que ce scénario prenne place en Syrie et nous assisterions à une collaboration de fait entre Daech et un nombre croissant de pays arabes : simplement pour contrer les chiites et parce que l’ASL ayant été absorbée par ses deux adversaires, il n’y aurait plus d’autre partenaire sur le terrain auquel s’allier.

S’estimant menacé, l’Iran risquerait d’intervenir massivement aux côtés de ses alliés. À cela près que ce pays se verrait surclassé militairement, le rapport de forces jouant contre lui (voir l’encadré). Risquant ses dernières cartes, avec sa marine, il bloquerait l’entrée du Golfe arabo-persique, par où transite 40% du pétrole que nous consommons. L’Europe serait prise à la gorge et obligée de soutenir les Arabes pour assurer les approvisionnements en or noir. Nous entrerions alors dans une conflagration internationale…

Pour lire la suite de cet article demandez l’Echelle des Valeurs  d’avril 2015.

Ce numéro sera envoyé en échange de 2 timbres.

Ecrire à:

Alain Chevalérias
39, rue des Faubourgs
10130 Marolles sous Lignières

 

* À titre d’exemple, un responsable qui avait reçu un chèque d’un pays arabe a immédiatement « investi » l’argent dans l’achat de deux restaurants à Dubaï.