LE gaz sarin en syrie …
L’attaque du 21 août 2013 au gaz sarin, sur des zones rebelles au régime de Bachar Al-Assad, fait encore des vagues. Le régime affirme que ses adversaires se sont tirés dessus. Peu crédible, mais sait-on jamais ! Les Nations Unies néanmoins soutiennent que les attaquants ont prélevé le sarin sur les stocks de l’armée syrienne. Dans un rapport, le ministère français à la Défense a pour sa part parler du CERS ou Centre d’Études et de Recherches Scientifiques, une unité de l’armée syrienne en charge de la gestion et de la manipulation des gaz de combat.
Peut-on croire les Américains?
Certes les Américains nous ont laissé quelques souvenirs gênants : par exemple le 5 février 2003, quand Colin Powell, alors secrétaire d’État, brandissait un dossier de preuves fabriquées devant le Conseil de sécurité pour inciter ses membres à voter la guerre contre l’Irak. S’ils sont corroborés par d’autres sources, les indices et les informations apportés par Washington ne peuvent cependant pas être écartés d’un revers de main. En pareil cas, laissons au moins prévaloir le bénéfice du doute au profit des Américains.
Informations américaines sur l’approvisionnement en produits et équipements du CERS de l’armée syrienne
Or, selon les autorités de Washington, Issa Al-Zeydi, double national russe et syrien, en outre propriétaire de la société Balec Trading Ventures Ltd, a reçu en 2006 sur le compte de sa société la somme de 1,1 million de dollars. Cet argent venait d’un Russe du nom d’Alexander Perepilichny et a transité par le compte du Crédit Suisse de celui-ci. Début 2008, un second versement de 2,2 millions de dollars a été effectué. Cet argent appartenait à la mafia russe.
Les Américains accusent Al-Zeydi d’avoir approvisionné en produits et équipements sensibles le CERS, comme nous avons vu la structure syrienne de l’arme chimique. L’argent donné par Perepilichny semble avoir été destiné à cet usage. On se demande néanmoins pourquoi un mafieux Russe aurait fait ces généreuses donations à une société appartenant à un Syrien afin de financer la fabrication de gaz de combat. Un autre éclairage apparaît nécessaire.
Perepilichny lié au scandale Magnitski.
Une escroquerie avait permis de soutirer 230 millions de dollars au ministère des Finances russe. Deux témoins gênants sont morts, dont Sergueï Magnitski qui a laissé son nom à l’affaire. Perepilichny est lié à ce scandale. Pour plus d’informations lire : « Existerait-il une tendance mafieuse au sein du pouvoir russe? » (sur le site du: Centre de Recherches sur le Terrorisme depuis le 11 septembre 2001)
Plus intrigant encore, chargé de la procédure, Denis Grunis, du Parquet fédéral russe, s’est avéré complice d’un coupable de ce vaste détournement. Il a même protégé ce coupable grâce à ses fonctions. Or cette faute ne lui a valu aucune sanction. Au contraire, il s’est vu promu à un poste supérieur.
Vraie escroquerie ou mise en scène par le pouvoir russe ?
On en vient à se demander si ce détournement de 230 millions est bien réel. Si, après tout, le pouvoir russe n’a pas organisé lui-même cette fuite d’argent pour financer les armes chimiques syriennes sans se compromettre. L’affaire est grave car elle supposerait un viol de la Convention sur l’interdiction des armes chimiques, qui interdit « leur fabrication, leur stockage et leur usage ». Pour mémoire, cette convention a été signée à Paris le 13 janvier 1993 à Paris.
Plus grave encore, on est en droit de se demander si la Russie ne s’est pas servie de la Syrie pour abriter des stocks de sarin ou de gaz moutarde pour ses propres réserves. Leur dissimulation sur un sol étranger aurait alors pris tout son sens, permettant à Moscou de ne pas violer directement la Convention sur l’interdiction des armes chimiques (Titre officiel : « Convention sur l’interdiction de la mise au point, de la fabrication, du stockage et de l’usage des armes chimiques et sur leur destruction ». ). La Syrie, faut-il dire, au moment de l’attaque chimique du 21 août 2013, n’était pas signataire de la Convention. Ce pays n’a adhéré que le 14 septembre 2013. Après que les Occidentaux aient menacé d’attaquer.
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