L’Iran attaque Israël qui répond
Dans la nuit du 9 au 10 mai, Israéliens et Iraniens se sont attaqués les uns aux autres, dans le Golan et sur le territoire syrien. Certes, Téhéran se défausse des tirs de roquettes sur la Syrie. Mais sans vraiment convaincre. Cette montée de la tension entre Israël et l’ Iran a des origines plus profondes que la presse ne nous le dit.
L’animosité irano-israélienne
On tend à réduire l’animosité entre les deux pays à des pulsions religieuses émanant de l’Iran. C’est oublier l’essentiel : la relation ancienne entre leurs deux cultures, remontant à la Perse et à l’Israël biblique, d’une part, la concurrence stratégique entre l’Iran et l’État moderne d’Israël, d’autre part.
La déportation des Hébreux à Babylone
Souvenez-vous ! Au VIe siècle av. J.-C., Nabuchodonosor, roi de Babylone, emmenait les Hébreux en déportation chez lui. A peine cinquante ans plus tard, les Perses s’emparaient de la Babylonie. Comme ils l’ont souvent fait en tant que minorité agissante, ceux que l’on appelait encore les Hébreux se sont alors associés aux vainqueurs.
Ces derniers avaient avec eux en commun de pratiquer une religion monothéiste, le zoroastrisme. Les futurs juifs ont alors enrichi leur propre croyance de préceptes zoroastriens. Parmi ceux-ci, l’idée de « messie » et le jugement dernier. Puis les exilés perdirent l’habitude de parler hébreu pour adopter l’araméen. Une autre langue sémitique qui, s’étant généralisée en Mésopotamie, servait d’idiome véhiculaire entre les peuples vaincus et leur dominateur.
Proximité entre Perses et Hébreux
Devenu des intermédiaires entre la population et le pouvoir perse, les juifs jouissaient d’une grande proximité avec lui. On en a le témoignage à travers le geste de l’empereur achéménide, Cyrus, qui versa de sa cassette personnelle une partie de l’argent nécessaire à la reconstruction du premier temple de Jérusalem détruit par les Babyloniens. Le fait est rapporté par la Torah qui attribue, de manière un peu excessive, le titre de messie à Cyrus.
Cette proximité s’exprima aussi à la guerre. Dans la querelle qui opposa l’empire de Byzance aux Sassanides, la nouvelle dynastie d’empereurs perses, la plupart des juifs prirent fait et cause pour ces derniers. Ainsi, quasi ignoré chez nous, de 614 à 617 après J.-C., les juifs parvinrent-ils brièvement à se réinstaller à Jérusalem grâce à la Perse *.
Les Perses soumis par les Arabes, se convertissent à l’Islam
Cependant, avec l’avancée arabe, au VIIe siècle, les Perses à leur tour étaient soumis. Sous la contrainte, ils se retrouvèrent convertis à l’islam. Avec le temps, ils optèrent pour le chiisme, moyen de se différencier de leurs vainqueurs et de manifester leur esprit rebelle. Mais l’ancienne religion zoroastrienne gardait une discrète emprise. Culturellement, bien que très minoritaire, elle est encore présente dans la République des mollahs. Ainsi le « Nao Rouz », le nouvel an de la tradition persane, est-il toujours célébré en Iran.
Plus significatif : les anciens mages, les prêtres de la religion zoroastrienne, se sont glissés dans les structures dirigeantes de la nouvelle croyance, important nombre de leurs traditions et, originalité par rapport au sunnisme, imposant même un clergé hiérarchisé.
Sans doute la proximité du judaïsme et du chiisme avec le zoroastrisme explique-t-elle les ressemblances perceptibles entre la pensée talmudique et l’ « ijtihad », l’exégèse islamique, telle qu’elle est pratiquée par les religieux chiites.
Ces filiations et cette histoire commune ont fait des Irano-perses et des Judéo-israéliens des peuples très proches dont des pans entiers de la culture se ressemblent. Mais la création d’Israël allait remettre en question cette relation historique.
L’ Iran et Israël en compétition pour dominer les Arabes
L’État juif s’est construit dans la logique de la supériorité face aux Arabes. Dans la volonté aussi de les dominer. L’Iran est dans la même démarche. Par chance pour les Arabes, après avoir hésité sous le shah, au lieu de s’unir l’Iran et Israël ont choisi la compétition.
La différence est dans l’approche. Quand l’Iran se sert de la religion chiite, qu’il associe à sa stratégie politique, Israël s’appuie beaucoup plus sur la force militaire et l’économie. Mais l’Iran et Israël se veulent, chacun de leur côté, le maître exclusif du Moyen-Orient.
Des proxys pour s’affronter…
Jusqu’ici, les décideurs des deux pays évitaient de s’affronter directement. Ils se contentaient d’envolées rhétoriques et utilisaient des proxys : le Hezbollah du Liban, par exemple pour l’Iran, et les Kurdes d’Irak ou de Syrie pour Israël. Mais la passion s’empare des esprits et en chasse l’esprit de prudence des grands stratèges. Alors, de raids perpétrés en Syrie en roquettes tirées sur les régions contrôlées par Israël, les deux camps se cherchent. Comme deux bandes de sales gosses qui voudraient en découdre mais sans trop oser. Ils ont besoin d’un peu plus de colère pour ça, d’un beau massacre d’un côté ou de l’autre, pour lâcher leurs meutes.
Des raids directs en Syrie
Les attaques de la nuit du 9 au 10 mai 2018, les roquettes tirées par les Iraniens, visaient les lignes de défense israéliennes du plateau du Golan. Elles n’ont pas fait de victime. De plus, la partie du Golan visée, certes déclarée territoire israélien par la Knesset, n’est pas reconnue comme telle par la communauté internationale. Ce n’est donc pas vraiment une attaque contre Israël. Quant à la réponse israélienne, elle aurait fait 8 morts de nationalité iranienne. Il en faut plus aux ayatollahs de Téhéran qui ont toujours manifesté une certaine insensibilité à la mort de leurs troupes.
Cependant, le danger est là. On sent quelques-uns qui s’échauffent tant chez les Gardiens de la Révolution iranienne que dans le cabinet de Netanyahou.
Chaque camp se croit sûr de maîtriser la situation, de l’emporter à la fin sur l’autre. Toutes les guerres sont faites de ce genre d’illusions. En fait, elles se terminent toujours par la destruction, au moins l’appauvrissement, des belligérants. Le recours aux armes est le moyen le plus primitif, et finalement le moins efficace, d’étendre son influence. Dites-le à Téhéran et à ceux de Tel-Aviv qui se croient à Jérusalem…
* « Dictionnaire encyclopédique du Judaïsme » collection Bouquins, page 1139.
Bonjour,
« Il n’y a d’immuable et d’invariable que la Vérité, qui est l’expression des lois de la Nature. Quand ces lois sont violées, il ne reste plus que l’imagination des hommes qui engendre l’erreur sous des formes multiples. »
Il est temps d’en finir avec le règne du mensonge et de l’hypocrisie, et de réapprendre à l’humanité le sens du mot RELIGION, dont toutes les orthodoxies de la Terre ne sont finalement que la somme de dogmes communs qui ne représentent qu’une religion, la Religion naturelle primitive.
Et c’est la compréhension de cette grande Vérité qui remettra la paix dans le monde, car c’est autour du mot Religion que toutes les passions humaines se sont déchaînées. Les discussions, les luttes, les guerres ont, presque toutes, été provoquées par un mot dont, aujourd’hui, on ne comprend plus la signification.
Cordialement.