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L'Assurance chômage, l' Unédic

Unédic : L’état gruge les salariés

L’ Unédic déficitaire?

Myriam El Khomri, notre ministre du Travail, a suggéré de réduire l’indemnisation des chômeurs, invoquant le prétexte du déficit de 4,4 milliards d’euros des caisses de l’assurance chômage en 2015. À première vue, cette approche pourrait sembler équitable, dans la mesure où on ne peut pas augmenter les prélèvements obligatoires sur les salariés et les entreprises sans ralentir encore la machine économique et réduire le pouvoir d’achat des ménages. Il y a cependant un hic ! Plusieurs sources font remarquer que l’assurance chômage serait bénéficiaire si l’État ne puisait pas dans ses caisses pour servir sa politique.

« Le Monde » en a parlé, « Le Parisien » lui aussi. Selon l’étude publiée par un économiste, Bruno Coquet, l’ Unédic, l’assurance chômage, ne serait pas en déficit sans les prélèvements de l’État.

Les derniers chiffres disponibles, ceux de 2014, sont parlants : les cotisations ont rapporté 33,94 milliards d’euros à l’ Unédic, quand ses dépenses n’étaient que de 31,26 milliards d’euros. Soit un solde positif de 2,68 milliards d’euros. Qui dit mieux !

L'Assurance chômage, l' UnédicIl faut le savoir, l’ Unédic a été créée en 1958, en période de plein emploi. La structure engrangeait alors des recettes bien supérieures à ses besoins. L’État aurait pu réagir généreusement et abaisser le montant des cotisations. C’était mal connaître le mode de penser de ceux qui nous dirigent. Ils ont vu là une manne dont l’usage en ferait un complément de revenu pour les caisses de la République.

L’État détourne les recettes de l’ Unédic pour contribuer au budget de Pôle emploi…

Dans la comptabilité complexe de l’ Unédic, nos brillants énarques ont alors cherché ce qu’ils pourraient détourner pour payer des charges qui reviennent normalement à l’État dans les autres pays du monde. Parmi ces détournements, le paiement de 10% du budget de Pôle emploi. On sait pourtant ce service, très fonctionnarisé, d’une efficacité discutable en matière d’aide à la recherche d’emplois. Déjà hier les bureaux d’intérim, aujourd’hui les annonces publiées sur Internet, s’avèrent plus utiles pour faciliter le retour à l’emploi que l’agence de l’État.

Or, en 2014, comme nous l’avons dit notre année de référence, l’ Unédic a versé 3,19 milliards d’euros à Pôle emploi. C’est à dire un peu plus de 87% du déficit de 3,66 milliards d’euros. Sans cette participation au budget de Pôle emploi, l’ Unédic n’aurait affiché qu’un déficit de 470 millions.

Difficile de connaître tous les détails de ces détournements, légaux puisque permis par les lois que vote la caste des notables. Il faut savoir en outre l’ Unédic dirigée par des personnalités hautement compétentes en matière de détournements.

S’alternant quasiment d’un mandat à l’autre, ses présidents viennent du Médef, anciennement du Cnpf, et de la Cfdt, autrefois de la Cgt. Pour les naïfs que nous sommes, il est étonnant de voir ces gens, issus du patronat et des directions syndicales de salariés, s’entendant si bien pour soutirer l’argent des employés par le biais de cotisations dépassant les besoins de l’assurance. Quelques-uns de ces noms en disent long, comme ceux d’André Bergeron de la CGT, de Nicole Notat de la Cfdt, ou de Michel de Virville (qui a facilité le départ de Denis Gautier-Sauvagnac de l’Union des industries et métiers de la métallurgie, avec une prime d’un million et demi d’euros (1)).

Les régimes spéciaux d’indemnisation apparaissent comme une autre cause de la faillite de l’ Unédic, principalement celui des intermittents du spectacle (2). Chaque année, rapporte Bruno Coquet cité plus haut, ce régime coûte un milliard d’euros à la caisse. Avec celui des intérimaires, ces deux régimes présentent un solde négatif de plus de 3 milliards d’euros par an. On devrait pourtant faire compenser le régime des intermittents à l’État, puisqu’il a pris sa décision au nom de sa politique culturelle. Ou faire payer la note à une industrie, le cinéma, dont les bénéfices peuvent atteindre des sommets. Pas aux salariés ordinaires qui n’y sont pour rien.

En 2007 et 2008, l’assurance chômage était cependant encore excédentaire. Depuis 2009, avec la crise et l’afflux de chômeurs, le déficit n’a cessé de se creuser. Alors l’État, par la voix de Myriam El Khomri, veut réduire l’indemnisation des chômeurs. Ne serait-il pas plus juste d’affranchir l’ Unédic des charges supplémentaires qui lui sont infligées ?

Notes

(1) Gautier-Sauvagnac était soupçonné de détournement d’argent suite à la sortie d’importantes sommes en liquide du compte bancaire de l’Union des industries et métiers de la métallurgie, un syndicat patronal. Gautier-Sauvagnac a été forcé au départ mais avec la prime susmentionnée.
(2) Le statut d’intermittents du spectacle a été créé en 1946, à une époque à laquelle le cinéma peinait à trouver des ouvriers pour aménager ses décors. En effet, électriciens, menuisiers etc… préféraient un emploi fixe plutôt que des recrutements ponctuels qui les laissaient longtemps sans travail. D’aménagement en aménagement, le statut a été étendu à tous les intermittents, y compris aux acteurs, avec les conséquences que nous connaissons.