Sionisme: Double jeu et fanatisme

DOUBLE JEU ENTRE pÉrÈs et NETANYAHOU

Michel Bar-Zohar, un confident de Shimon Pérès, décrit les relations entre ce dernier et Benyamin Netanyahou.

Shimon Pérès et Benyamin Netanyahou

Shimon Pérès et Benyamin Netanyahou, deux hommes politiques israéliens, de camps adverses. Ils s’entretenaient régulièrement. Pérès conseillait Netanyahou

« Shimon est le chef de l’opposition. Chaque jour, à la Knesset, Netanyahou qui est le Premier ministre et lui s’affrontent. Mais, plus d’une fois, la nuit tombée, Netanyahou envoie discrètement chercher Shimon. Sarah (1) prépare une bouteille de whisky et toute la nuit, il apprend à Bibi (2) comment négocier avec Yasser Arafat. « Bibi est ton rival, pourquoi fais-tu ça, si on l’apprend tu seras pendu en place Dizengoff  (3)» lui ai-je dit un jour. « Je le fais pour le bien de mon pays » m’a-t-il répondu ».

 LE DOUBLE JEU ENGENDRE LA PERTE DES REPÈRES

Vous en doutez? Pourtant…

En France, Sammy Ghozlan (4), un ponte de la communauté juive, a mis en place une cellule de reprise en main de jeunes juifs convertis à l’islam radical. Il cite les cas de l’un d’eux mort au combat aux côtés des islamistes en Syrie et de deux jeunes filles « passées par des écoles juives », devenues aujourd’hui musulmanes. « J’ai le sentiment que depuis quelques mois, les choses s’accélèrent », dit-il.

Pour beaucoup de jeunes l’Histoire ne justifie plus l’injustice

Son explication du phénomène est terrible : « La détestation d’Israël y a sans doute à voir, dit-il. Pendant longtemps, Israël était un catalyseur. Tous les Juifs en étaient fiers et s’y identifiaient. Aujourd’hui, les jeunes qui ne connaissent pas l’Histoire peuvent être influencés par les courants hostiles à Israël et en arriver à détester ce pays qu’ils considèrent « tueurs d’enfants ». Ils s’accrochent à ce qui est la dominante ambiante, c’est à dire l’islam et à ceux qui combattent en son nom des causes prétendues justes ».

Pour beaucoup de jeunes juifs, au regard de l’Histoire justement, le double jeu des hommes politiques israéliens ne peut plus se justifier. Pas plus que l’injustice contre un autre peuple. Ceci explique, M. Ghozlan, le passage dans le camp adverse de ces idéalistes. Nous ajouterons un point : quand un esprit a été façonné par  l’extrémisme, fût-il sioniste, il lui est facile de basculer dans un autre fanatisme, fût-il islamique. Toujours au nom de la justice, bien sûr.

Tous les fanatismes se valent

Alors, encore un effort M. Ghozlan ! Quand vous aurez compris que tous les fanatismes se valent, pire, qu’ils ne sont qu’un, même cachés derrière les apparences intellectuelles et bonhommes de Shimon Pérès, alors vous aurez gagné.

Dans son livre (5), juste publié, une écrivaine israélienne, Orly Castel-Bloom, l’exprime à sa manière. En quinze histoires, elle raconte une saga familiale faite d’expulsions. Mais il y a l’Expulsion intolérable : « Je ne savais pas, a-t-elle dit dans une interview, que mes parents et leurs amis avaient été jetés du kibboutz après avoir été accusés d’antisionisme ».

Notes

  1.  La femme de Netanyahou.
  2.  Surnom affectueux donné par les Israéliens à Netanyahou.
  3.  Place historique de Tel Aviv
  4. Entre autres choses, il est le président du BNVCA (Bureau National de Vigilance Contre l’Antisémitisme).
  5. « Le roman égyptien », traduit par R. Pinhas-Delpuech, Actes Sud, 208 pages, 19,80 €.

 

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