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Un ex zadiste de Notre-Dame-des-Landes témoigne

Jean-Luc ancien Zadiste

L’homme a une cinquantaine d’années, il s’appelle Jean-Luc et a fait un choix de vie. Épris de liberté et cherchant une vie saine, il est en marge du « système ». Aujourd’hui, il sillonne l’Europe mais s’est attaché plus particulièrement à la Bulgarie. Il gagne sa vie en exerçant ses talents dans le domaine agricole, utilisant des techniques bios. Respectueux des préférences des autres et ne demandant rien à l’État, son mode de vie nous apparaît respectable. Au lendemain de l’opération menée par les forces de l’ordre pour chasser de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes les derniers réfractaires, la publication de cette interview nous a paru à propos.

Un zadiste à Notre dame des Landes, Non à l'aéroport

Sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Le mot d’ordre: Non!

 

Au printemps 2013, ses pas l’ont porté vers la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Juste après l’opération César, menée par les forces de sécurité pour tenter de restaurer l’autorité de l’État sur le secteur. Côté étatique, cela avait été un échec, tout en laissant un fort traumatisme aux zadistes témoigne Jean-Luc.

Zadiste…une vie « alternative »

Écolo dans l’âme, il a été immédiatement happé par cette vie « alternative ». Il y voyait la concrétisation de ses espérances. Alors, sans rien demander, il s’est jeté à corps perdu dans l’aventure. « Les premiers six mois, avoue-t-il, j’ai vécu le rêve. Puis mes yeux se sont progressivement ouverts et j’ai pris conscience de la réalité ».

Zadiste et zadistes

« Dans la ZAD, continue-t-il, on rencontrait un peu de tout. Des paysans, comme moi, qui cherchaient à mettre en œuvre des techniques de culture respectueuses de l’environnement, mais aussi des gens aux idées confuses sans aucune expérience de la terre. Des groupes s’étaient aussi installés, dont des végans qui refusent la consommation de viande et l’utilisation des produits animaux comme le cuir, des anarchistes ou des féministes. Les féministes n’étaient même pas d’accord. D’un côté, il y avait la Maison rose, plutôt LGBT, de l’autre les femmes qui refusaient la mixité, vivaient entre elles et interdisaient toute présence masculine dans leur parcelle ».

D’autres pourraient même représenter un danger pour la société.  « On trouvait aussi ceux que l’on appelle les Punks à chiens, des jeunes qui affectionnent les tenues de Punks et s’affichent avec des chiens. On en voit dans les villes. J’avais néanmoins de bonnes relations avec eux. On voyait aussi passer des gens identifiés aux Black Blocs qui ne restaient cependant pas sur place  ».

Des décisions difficiles à prendre

On comptait une vingtaine de lieux de vie. Les cultivateurs en avaient trois : les Fosses noires, la Ferme de Bellevue et les 100 Noms. «  Entre tous ces groupes, les décisions étaient difficiles à prendre, poursuit Jean-Luc. D’abord il fallait discuter longtemps, toujours dans un contexte conflictuel, chaque tendance cherchant à s’imposer sur les autres, de plus réclamant tout et son contraire. Je me souviens d’une histoire qui s’est terminée en tragédie. Un cheval nous avait été donné. Il avait été laissé libre, sans même un enclos, pour respecter sa condition animale. Il buvait les restes de bière. Problème, il y avait un if dans la ZAD, dont la verdure est toxique pour les chevaux. Quelqu’un a proposé de couper l’arbre. Mais les défenseurs des végétaux s’y sont opposés. Un jour le cheval a été pris de convulsions. Il avait probablement goûté du branchage de l’if. Personne ne s’en est inquiété. Un témoin direct m’a raconté que cela avait duré un bon moment, avant que lui-même n’appelle un vétérinaire. Il a fallu  euthanasier la  pauvre bête ».

Désabusé, notre zadiste s’en va

À cela s’ajoutait l’alcoolisme de certains, un usage habituel de drogues dures pour d’autres. Même si, précise Jean-Luc, « il ne faut pas généraliser ». En fait, la ZAD était devenue une zone de non droit.

L’homme l’admet, « si des gens de valeur étaient présents, d’autres n’étaient que des profiteurs et des paresseux. Pire, quelques-uns s’étaient même fait une spécialité de dépouiller les nouveaux venus. L’atmosphère me pesait de plus en plus. Il était devenu évident à mes yeux que, faute d’un minimum d’organisation, aucun projet ne pouvait faire souche. Alors j’ai fini par partir ».

Nuit Debout, cauchemar de la République

Les « Nuit Debout » des néo-soixante-huitards

Depuis le 31 mars, toute la nuit, la place de la République est occupée par des contestataires du système. Ils ont donné à leur mouvement le nom de « Nuit Debout » et, dans une belle resucée soixante-huitarde, passent leur temps en « AG », ou assemblées générales, critiquant tout et n’offrant rien. On dit les participants sans chefs ni porte-parole, masse anonyme prenant ses décisions par consensus en levant les mains. Qu’en est-il en réalité ?

Nuit Debout, masse anonyme?

La mobilisation de Nuit Debout trouve sa genèse dans la présentation de la loi sur le travail, dite loi El Khomri, et d’une série de manifestations organisées à partir du 17 mars. Tout cela, comprend-on néanmoins, n’a rien de très réactif.

Le 17 février, était dévoilé le projet de loi sur le travail, porté par Myriam El Khomri. Le 23, des militants gauchistes se retrouvent à la bourse du travail à Paris où sont hébergés les syndicats d’employés. La rencontre reçoit un nom évocateur : « Leur faire peur ». Parmi
les personnes présentes, figure un certain François Ruffin. Journaliste de profession, il publie un journal gauchiste, « Fakir », et écrit dans « Le Monde Diplomatique ». Faut-il y voir un effet du hasard, le lendemain de cette réunion sort en salle un film satirique anti-patronat, « Merci Patron », réalisé par le même Ruffin. Bernard Arnault, principal actionnaire de LVMH, fait les frais de la satire.

À partir du 17 mars, des manifestations éclatent à l’appel des syndicats et des organisations militantes de gauche mobilisant plusieurs dizaines de milliers de personnes. Puis, à son summum, dans la soirée du 31 , l’occupation de la place de la République à Paris est décidée. C’est le début de Nuit Debout. Le phénomène fait tache d’huile dans plusieurs grandes villes de France et même à l’étranger.

Nuit Debout, les chefs d’orchestre en coulisse, Ruffin, Chaibi, Halimi, Lordon et les autres…

Un collectif dirige en coulisse qui s’est créé le 23 février. Outre Ruffin, y figure Leila Chaibi, militante déçue du Parti de Gauche et membre du collectif Jeudi Noir  (1). Plus significativement, en font aussi partie Serge Halimi et Frédéric Lordon. Le premier, bon sang ne saurait mentir, est l’un des fils de Gisèle Halimi, l’activiste féministe bien connue. Il est le directeur du Monde Diplomatique. Le second est un économiste, prof à l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales). Lui aussi écrit dans le Monde Diplomatique. Tous ces gens se présentent comme des adeptes de la non-violence. N’empêche ! Ils ne peuvent l’ignorer, leurs manifestations attirent d’autres gauchistes, adeptes de plaies et de bosses eux.

A Paris, dans la nuit du 14 au 15 avril, les CRS sont obligés d’intervenir contre des groupes de casseurs qui visent plus particulièrement les agences bancaires.
Auprès de la préfecture de police, Nuit Debout s’engage à prendre les dispositions nécessaires pour éviter ces atteintes aux biens. Cela ne change rien et, de plus, une certaine ambiguïté plane quant à la sincérité des engagements des dirigeants occultes de Nuit Debout.

Nuit Debout des rêveurs et des casseurs… « Tout le monde déteste la police »

Certes, au cours des AG, la proximité des violences est parfois dénoncée. Mais, d’autres fois, elle est revendiquée. Certains estiment qu’elle « arrange bien le mouvement pour qu’on parle de lui ». Ils vont jusqu’à dire : « Il nous faut assumer ces heurts avec la police, c’est comme cela qu’on progresse dans la lutte. Il faut aussi faire peur » (2).

Au cours des défilés du 1er mai, gangrenés par cette dérive violente, on a entendu les manifestants hurler en chœur « Tout le monde déteste la police » et « Police dehors ! » Un peu comme si l’on cherchait à effacer le moment de grâce des embrassades entre les forces de l’ordre et la population de Janvier 2015.

Mais qui sont ces casseurs ?

Nuit Debout ambigu face à la violence des groupes violents

Des Black Blocs à l’ œuvre

L’AFP se fait l’écho d’une source de police (3). « Ils sont de deux types, dit une dépêche. Les groupes autonomes habillés en noir, les Black Blocs (…) et des groupes constitués de gamins qui descendent de la périphérie de Paris ou de Lyon… »

Sous nos yeux, on voit se mettre en branle un front formé de gauchistes violents et non-violents et de voyous issus des populations immigrées. Tous ont la fascination du « non-ordre », de la fin des hiérarchies. Beaucoup, à des degrés divers, ont l’obsession du chaos purificateur, comme nous l’avons déjà évoqué (4).

La guerre civile qui nous menace prend aussi racine dans cet univers. Même s’il n’est pas le seul générateur des appels à l’affrontement. Il n’est pas trop tard pour réagir, mais le temps presse !

Notes

  • 1) Jeudi Noir est un mouvement né en 2006 qui a occupé des immeubles avec une forte couverture médiatique pour dénoncer l’augmentation des loyers et de la bulle immobilière.
    (2) In « Le Figaro » des 16 et 17 avril 2016.
    (3) Dépêche du 29 avril 2016.
    (4) Lire « Sabotages de la SNCF »