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La cause réelle du mécontentement en Iran

Iran, c’est à Machhad que les manifestations commencent

Le 28 décembre, des manifestations éclataient à Machhad, deuxième ville d’ Iran, puis s’étendaient à une quarantaine de villes du pays. D’abord de quelques centaines de personnes, elles atteignaient bientôt des milliers d’individus.

Les manifestants s’en prennent au mobilier urbain et l’on signale plusieurs attaques de commissariats. Les slogans entendus attaquent le Président de la République, Hassan Rohani, considéré comme un modéré, et le Guide, Ali Khamenei, héritier en titre de l’Imam Khomeiny. Ils dénoncent aussi la situation économique.

Les raisons de la colère des Iraniens

Les raisons de la colère contre le régime ne manquent pas en Iran. Cependant, cette fois, les problèmes économiques semblent s’imposer, au point de dépasser, au moins en partie, l’habituelle scission entre classes bourgeoises, rétives au régime, et catégories populaires fidélisées par celui-ci avec l’argent du pétrole.

Mais alors, pourquoi maintenant, quand l’Iran, depuis la Révolution islamique, n’a jamais brillé par la prospérité de son économie ?

Le budget 2018 de Rohani, allume l’étincelle

Des faits, sinon ignorés du moins oubliés par la presse occidentale, ont pris place. Le 10 décembre, le Président Rohani soumettait le budget de l’année 2018 au Parlement. Point remarquable, il a réduit les subventions de l’État sur les produits de première nécessité de manière drastique, augmentant d’autant les prix pour les consommateurs. Les plus touchés sont le carburant et la nourriture. Les œufs en particulier, d’où le nom de « Révolution des œufs », donné par les Iraniens à leur coup de sang.

On s’étonne, Rohani a été élu sur la base de ses engagements à relever le niveau de vie des Iraniens. Alors, pourquoi ces mesures ?

Les diktats du FMI

Le FMI (Fonds monétaire international) nous en donne la réponse. Le 18 décembre, l’organisation internationale présentait le rapport de fin de mission de son envoyée en Iran, Catriona Purfield.

Celle-ci se disait très satisfaite des résultats obtenus. « La poursuite des progrès, affirmait-elle, vont faciliter la réintégration (de l’Iran) dans le système financier global, en améliorant la transparence et la gouvernance ».

Figuraient dans un court paragraphe les exigences habituelles du FMI, en matière de restrictions budgétaires, pour accorder des lignes de crédits en même temps que sa caution auprès des grandes banques. Parmi ces restrictions énoncées dans le rapport, « la suppression des coûteuses subventions » à la consommation. 

Les effets pervers des conditions du FMI sur l’Iran

En clair, comme il l’a fait dans nombre de pays en difficulté, on se souvient de la Grèce, le FMI a imposé ses conditions pour aider l’Iran et l’intégrer dans le système financier international.

Toujours avec les mêmes conséquences : le peuple, en particulier les plus démunis payent la note en se serrant un peu plus la ceinture. Voilà pourquoi les Iraniens sont descendus dans la rue. Les motivations traditionnelles, comme le rejet de la bigoterie islamiste par une partie de la population, n’ont fait que s’y ajouter.

Mais, on ne voit toujours pas ce qui a pu amener Rohani à provoquer une crise dont il se serait bien passé. Après tout, l’Iran a bien vécu relativement coupé du monde depuis la Révolution de 1979.

Pour que les affaires des milieux financiers continuent de prospérer

Pour comprendre, il faut connaître les aspirations profondes du gouvernement de Rohani. L’appartenance idéologique de ses membres nous l’indique. D’abord, l’un de ses vice-présidents s’appelle Mohammad Bagher Nobakht. Il dirige l’Organisation de la planification et du budget, supprimée un temps par le Président Ahmadinejad en raison de sa proximité des structures économiques mondialistes comme le FMI. Il est à la tête du Parti du Développement et de la Modération proche du milieu des affaires.

Le clan des « amis » de Rafsandjani

Khameneï, Guide suprême de la république islamique d' Iran

Khameneï, « Guide de la République islamique d’ Iran », et feu Rafsandjani: une complicité jamais démentie

 Cette inclination du gouvernement transparaît encore mieux quand on découvre plusieurs personnalités autrefois associées au Président Ali Akbar Rafsandjani (aux affaires de 1988 à 1997) dans le gouvernement. Or, l’on connaît ce dernier pour s’être constitué une fortune colossale en profitant de ses positions dans les institutions dirigeantes du pays. Il n’avait jamais caché sa proximité de la finance iranienne, mais aussi étrangère.

Parmi ces personnalités, figure Eshagh Jahangiri, le premier des vice-présidents. Il avait été nommé gouverneur d’Ispahan par Rafsandjani en 1992.

On voit aussi Bijan Namadar Zangeneh, actuel ministre du pétrole, qui a fait une longue carrière à la tête du ministère de l’Énergie sous Rafsandjani.

Autre nom, Mohammad-Ali Najafi, l’actuel maire de Téhéran, lui aussi un proche du Président, qui a servi comme ministre de l’Éducation avec Rafsandjani.

Dans tous les cabinets ministériels on retrouve de ces technocrates, autrefois au service de Rafsandjani, qui, tout en étant des soutiens indéfectibles du régime islamiste, souhaitent une ouverture économique sur le reste de la planète afin de permettre aux milieux d’affaires d’arrondir leurs fortunes.

Or, ils savent que cela passe par la soumission aux diktats du FMI. D’où les accords passés mis en exergue par le rapport de fin de mission évoqué plus haut.

Problème, tout le monde sait la suppression brutale des subventions aux produits de première nécessité suscitant toujours l’augmentation des prix et partout la colère des plus touchés, les classes populaires. Le Président Rohani s’est sans doute cru protégé par son image d’homme d’ouverture. En ce cas, il s’est trompé.

Quant aux gens du FMI et à ceux qui les pilotent, ils ne pouvaient pas ignorer que la suppression des subventions allait susciter une vague de mécontentement générale.

Aujourd’hui, les autorités iraniennes accusent les puissances étrangères d’organiser les troubles et de diriger les émeutes. On sourit quand on connaît la dextérité des services iraniens pour quadriller le pays. En fait, les décideurs du pays se sont probablement piégés eux-mêmes en cédant aux demandes du FMI. Non que la suppression des subventions ne soit pas nécessaire, mais parce qu’elle aurait dû être étalée dans le temps.

Rohani accuse les Moujahidine-e-Khalq

Quant à imaginer, comme l’affirme Rohani, les Moujahidine-e-Khalq (1) menant les manifestations, on tombe dans le délire. Il faut savoir cette organisation honnie par l’immense majorité des Iraniens. Non parce qu’elle a été qualifiée de terroriste pendant longtemps par l’Union européenne et les Nations Unies, mais en raison de son alliance avec l’Irak, pendant la guerre qui opposa ce pays à l’Iran dans le courant des années 80.

Aujourd’hui basée à Auvers sur Oise, dans la région parisienne, elle sert de monnaie d’échange dans les négociations entre Paris et Téhéran. En Iran, ses agents seraient rapidement démasqués et livrés à la police, ce quelle que soit la tendance politique des Iraniens.

D’un côté, nous restons convaincus de la nécessité d’exercer de fortes pressions sur le pouvoir iranien pour l’amener à un comportement moins provocateur à force de manipulations à travers le monde (2). De l’autre, nous croyons dangereux de pousser ce pays à la faute pour susciter des troubles, comme nous soupçonnons certains de l’avoir fait en se servant du FMI. Parce que cela ne peut que déboucher sur une guerre civile si le calme ne revient pas rapidement. Certes, cela affaiblirait l’Iran sur le front syrien, ce dont on ne peut que se réjouir. Mais en ajoutant à l’instabilité générale dans un Moyen-Orient déjà au bord de l’implosion.

 Alain Chevalérias

Notes

 

Toutes ces informations qu’on vous cache

Des projets de lois voulues par les Français mais rejetées par les députés.

Le 2 avril 2015, nos députés ont repoussé deux projets de lois.

Le premier devait permettre aux policiers de faire usage de leurs armes face à des agresseurs armés ou contre des bandes de délinquants qui les agressent.

Le second aurait permis de retirer la nationalité française aux doubles nationaux servant dans les réseaux jihadistes.

 

Les paroles infâmes d’un rabbin.

Un rabbin, s’adressant aux juifs de nationalité française, a osé écrire : « un pays qui n’est pas le nôtre » en parlant de la France, dans l’hebdomadaire « Actualité Juive ».

 

Lecture du Coran dans la basilique Sainte Sophie à Istanbul.

Violant la neutralité du lieu, les autorités islamistes turques ont fait procéder à une lecture d’un passage du Coran par un imam dans la basilique Sainte Sophie, construite par l’empereur Justinien au VIe siècle. En Turquie, la laïcité est en perte de vitesse au profit de l’islamisme militant.

 

La guerre de Syrie tend à s’exporter au Liban.

À Tripoli, au Liban, la guerre civile syrienne alimente un conflit entre le quartier alaouite de Jabal Mohsen et les sunnites de Bab el Tebbaneh. Le Hezbollah et le ministre de l’Intérieur libanais, Nouhad Machnouk, instrumentalisent ces événements à des fins politiques.

VOUS POURREZ LIRE LES DETAILS DE CES INFORMATIONS, ET D’AUTRES IGNOREES PAR LA PRESSE A GRAND TIRAGE, DANS LE MENSUEL « L’ECHELLE DES VALEURS » DU MOIS DE MAI.

Ce numéro vous sera envoyé en échange de deux timbres.

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Alain Chevalérias
39, rue des Faubourgs
10130 MAROLLES-SOUS-LIGNIERES

Notre sort se joue aussi en Syrie

Nous l’avons déjà dit, la guerre en Syrie ne se limite plus, depuis longtemps, à deux belligérants. Elle est tripolaire et, de plus, compliquée par l’intervention de nombreux intervenants extérieurs : l’Iran, la Turquie, le Qatar, et autres pays arabes, la Russie et les États occidentaux. Sur trois camps, deux sont infréquentables :

Celui de Daech (le dit État islamique) et celui du régime de Damas, dirigé par la famille Assad. Ces deux camps ont tellement commis d’atrocités, que les laisser s’emparer du pouvoir ou le conserver en Syrie revient à livrer le peuple de ce pays à des bouchers.

Reste le troisième camp, que l’on identifie à l’ASL (Armée syrienne libre), formée de déserteurs de l’armée régulière et de volontaires, souvent des jeunes gens dont les amis et les proches sont morts sous les balles du clan des Assad pendant les manifestations pacifiques de 2011.

Dieu sait que nos médias et la télévision du Qatar, Al Jazeera, avaient alors célébré le courage et la légitimité de ces jeunes Syriens en quête de « démocratie » [même si nous leur en offrons chez nous un modèle essoufflé]. Quelques aides ont été accordées pour les soutenir dans ce qui est devenu une guerre civile. Elles ont été trop souvent détournées par des chefs politiques peu scrupuleux, plus soucieux de s’enrichir que de fournir le nécessaire aux combattants *.

Résultat, sur le terrain, les unités de l’ASL manquent de munitions et même de nourriture. Quelques-unes survivent évitant le contact avec l’ennemi faute de pouvoir combattre. D’autres ont cédé à la tentation et sont passées avec armes et bagages aux côtés de Daech qui leur donne tout ce dont ils ont besoin grâce à l’argent du pétrole volé dans les zones de production. L’Occident et les pays arabes sont largement responsables de la dégradation de la situation. Conséquence perceptible : on tend à croire chez nous qu’il n’y a plus que deux camps. Vision de la réalité qui sert Bachar Al-Assad et ses sbires, les faisant passer aux yeux de certains pour des partenaires acceptables.

SI NOUS LAISSONS FAIRE…

Si nous laissons faire, nous assisterons à une bipolarisation totale du conflit syrien. L’ASL et ses relais politiques disparaîtront, absorbés par Daech ou par le pouvoir. La Syrie sera réduite à deux entités, l’une gouvernant à l’ouest, avec à sa tête Damas, l’autre à l’est, dominée par les radicaux islamistes.

Les Syriens auront perdu toute chance de retrouver une vie normale. Des deux côtés, il leur faudra accepter la dictature. En revanche, Daech et Damas sauront trouver un accord, fut-il temporaire, pour se partager le pays. Les prédateurs ont toujours su se ménager entre eux pour survivre.

Dans un tel cadre, pas d’espoir pour les réfugiés de rentrer au pays. Ils demeureront donc un poids pour les pays voisins : la Turquie, la Jordanie et principalement le Liban. L’expérience vécue avec les Palestiniens devrait pourtant nous servir de leçon : la colère engendre la violence et le faible, pour répondre, recourt le plus souvent au terrorisme.

À cela s’ajoute un autre problème, la tension montante entre sunnites et chiites, entre les Arabes et l’Iran. Nous avons droit à une avant-première au Yémen, quand nous voyons les Arabes former une alliance et lancer une offensive contre les chiites Houthis qui ont pris le pouvoir à Sanaa, par la force, à la majorité sunnite. Que ce scénario prenne place en Syrie et nous assisterions à une collaboration de fait entre Daech et un nombre croissant de pays arabes : simplement pour contrer les chiites et parce que l’ASL ayant été absorbée par ses deux adversaires, il n’y aurait plus d’autre partenaire sur le terrain auquel s’allier.

S’estimant menacé, l’Iran risquerait d’intervenir massivement aux côtés de ses alliés. À cela près que ce pays se verrait surclassé militairement, le rapport de forces jouant contre lui (voir l’encadré). Risquant ses dernières cartes, avec sa marine, il bloquerait l’entrée du Golfe arabo-persique, par où transite 40% du pétrole que nous consommons. L’Europe serait prise à la gorge et obligée de soutenir les Arabes pour assurer les approvisionnements en or noir. Nous entrerions alors dans une conflagration internationale…

Pour lire la suite de cet article demandez l’Echelle des Valeurs  d’avril 2015.

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* À titre d’exemple, un responsable qui avait reçu un chèque d’un pays arabe a immédiatement « investi » l’argent dans l’achat de deux restaurants à Dubaï.